Comme le dit le proverbe, deux têtes valent mieux qu’une. C’est certainement le cas en traduction, où traducteurs et réviseurs font équipe pour réaliser le meilleur travail possible.

En révision bilingue, le réviseur compare le texte traduit à l’original et s’assure que rien n’a été omis et que l’intention de l’auteur est respectée. Il verra aussi à peaufiner le texte en retravaillant le style, reformulant ici une phrase trop longue, remplaçant là une tournure qui manque de naturel. Et comme aucun traducteur n’est à l’abri de l’erreur, le réviseur ouvrira bien grand son œil de lynx pour repérer d’éventuelles fautes. Voici quelques-uns des pièges auxquels il fera particulièrement attention.

 

Les anglicismes

Les francophones étant largement minoritaires en Amérique du Nord, leur langue est fortement soumise à l’influence de l’anglais. Au-delà des emprunts directs, facilement repérables, il existe des anglicismes beaucoup plus insidieux, qui tendent à s’immiscer sournoisement dans la langue française. En voici quelques exemples :

L’anglicisme sémantique, ou « faux ami »

Les anglicismes sémantiques sont parfois si bien ancrés dans notre vocabulaire, si « français » en apparence, qu’ils peuvent facilement passer inaperçus. En effet, lorsque des mots existent à la fois dans la langue de Shakespeare et de Molière, nous sommes peu portés à nous en méfier, même si pourtant leur sens diffère. Des mots français et anglais dont la forme est semblable, mais qui désignent des concepts distincts, sont ainsi qualifiés de « faux amis ».

 

En voici quelques exemples :

  • la balance d’un compte, au sens de solde
  • l’agenda d’une réunion, au sens d’ordre du jour
  • le contrôle d’une machine, au sens de commande
  • une alternative, au sens de solution de rechange

 

Bien sûr, vous trouverez ces termes dans un dictionnaire de la langue française. Toutefois, leur définition ne correspondra pas au sens qu’on veut leur donner ici.

L’anglicisme syntaxique, ou « calque »

Comme les faux amis, les calques ont le tour de s’insinuer en douce dans la langue. Toutefois, dans ce cas-ci, ce ne sont pas les mots, mais la structure syntaxique qu’on emprunte à l’anglais.

 

Exemples :

  • prendre pour acquis (to take for granted), au sens de tenir pour acquis
  • siéger sur un comité (to sit on a board), au sens de siéger à un comité

 

Les emplois abusifs et les impropriétés

Vous êtes-vous déjà demandé ce que signifiait la mention « ABUS. » dans le dictionnaire? Eh oui, elle désigne un autre type de mot « piège », souvent utilisé à tort en français dans un sens qu’il n’a pas. Ici, cependant, l’anglais n’est pas à blâmer! Euh… à pointer du doigt!

Exemples :

  • bâcler une affaire, au sens de conclure
  • octroyer un diplôme, au sens de délivrer
  • partir le bal, au sens d’ouvrir

 

Les fautes de sens

Bien sûr, la traduction est avant tout une question de sens. Au-delà des mots choisis et de la forme que prendra le texte traduit, il faut que le sens du message d’origine soit restitué le plus fidèlement possible. Les fautes de sens se déclinent en plusieurs sous-catégories : faux sens, contresens, glissements de sens et non-sens.

Les plus insidieux sont probablement les glissements de sens. En effet, si les autres sont relativement faciles à repérer, les glissements de sens sont parfois très subtils. Une nuance échappe au traducteur, et même si le texte d’arrivée semble cohérent, le sens n’est plus tout à fait le même. Pour ne pas tomber dans le piège, il faut bien sûr avoir une excellente compréhension de la langue de départ, mais il faut aussi se montrer particulièrement attentif et perspicace.

 

La révision de texte est l’art du détail par excellence. Au-delà des anglicismes, des impropriétés et des fautes de sens, il existe mille et un éléments auxquels les réviseurs doivent porter attention : respect des règles typographiques, grammaticales et orthographiques, mise en page, tics de langue, préférences du client, etc. Raison de plus pour faire affaire avec des traducteurs et des réviseurs professionnels!